Laurence Freeman OSB, Lettres sur la méditation, « Troisième lettre », Editions du Relié, 2003.

« Ne prenez pas pour modèle le monde présent, mais transformez-vous en renouvelant votre façon de penser » (Romains 12, 2).

La vie de l’esprit dans la nature humaine est un remodelage continuel. Le pas de la foi que nous passons notre vie à perfectionner n’est que l’unique pas par lequel nous laissons se renouveler notre façon de penser et se transfigurer notre être tout entier. Derrière le « monde présent », comprenons « l’ego » : la partie qui se prend pour le tout. Il en est venu à entraver involontairement et à déformer inconsciemment le mystère de la vie à cause des schémas qu’il s’est forgés en réaction à la souffrance et au rejet ; la perception d’un monde sans amour…

Même si la méditation n’était pas plus qu’une brève immersion quotidienne dans le royaume intérieur, elle mériterait toute notre attention. Mais elle est bien plus qu’une fuite temporaire des schémas de peur et de désir qui nous emprisonnent. La méditation simplifie tous ces schémas qui nous font craindre la mort et le véritable amour nécessaires à notre croissance et notre survie, aussi complexes qu’ils soient. Jour après jour, méditation après méditation, ce processus de simplification se poursuit. Petit à petit, nous devenons moins craintifs jusqu’à ce que, dans la joie d’être libérés des images et des réminiscences du désir, nous goûtions l’affranchissement total de la peur. Alors – et même avant cela – nous devenons utiles aux autres, capables d’aimer sans peur ni désir… libérés afin de servir le Soi qui est le Christ en nous.

Après la méditation

Marie Howe, « The Map », initialement publié le 27 octobre 2016 dans Poem-a-Day sur Poets.org.

La carte

L’échec de l’amour pourrait être à l’origine de la plupart des souffrances dans le monde.
La fille était en train de réviser ses devoirs d’étude du monde
elle dessina la carte dans l’air avec son doigt
touchant le désert de Gobi,
le plateau du Tibre devant elle,
et regardant à l’envers à travers sa carte transparente,
j’ai soudain vu
que sa gauche est ma droite,
et l’espace d’un instant j’ai compris.