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Première semaine de l’Avent

Première semaine de l’Avent, par Laurence Freeman   

Le compte à rebours vers Noël commence… maintenant.

Si nous manquions de tout sens du temps sacré, la vie serait vraiment un sombre paysage à parcourir. Il ne s’agirait plus que d’un cycle fastidieux de travail, vacances, courses, loisirs, problèmes à résoudre qu’on fuit, toujours tenaillé par un sentiment d’inachèvement ou de vide. Le temps sacré verse sa couleur (violet pour l’Avent) sur ce monde monochrome. Il éveille un sentiment d’espérance, une certitude dans l’incertitude, l’effervescence qui précède une révélation imminente de la réalité qui ne décevra pas ni ne se révélera jamais illusoire.

Le temps sacré de l’Avent ne nous promet pas seulement cela : il confirme que quelque chose ou quelqu’un de réel s’approche de nous à travers le socle de la vie. Nous jouons au jeu du temps sacré et apprenons en direct ce sérieux que seul le jeu peut donner. Nous attendons de voir quoi ou qui vient et vivons avec le doute insidieux (qui devient facilement une pilule amère) que rien ne peut advenir et que rien ne peut rendre encore plus solitaire notre attente vide. Si rien ne vient, nous nous retrouvons seuls à nouveau. Mais si nous sommes de moins en moins chargés de biens et d’attaches, alors l’attente sera réciproque. Car celui qui (ou ce qui) s’approche de nous dans ce temps attend une rencontre, la reconnaissance et l’étreinte qui accueille le nouveau venu. Et dès que cela se produira, ce sera – littéralement – incroyable.

L’Avent nous offre un temps sacré pour réfléchir, plusieurs fois par jour si nous le souhaitons, à quel point nous vivons en conscience. Dans la vie courante, nous parvenons à peine à réfléchir à des choses plus profondes pendant plus de quelques instants arrachés à notre vie agitée. Réfléchir, cela veut d’abord dire s’interroger. Acceptons-nous pleinement le moment que nous vivons ou imaginons-nous quelque chose du passé ou du futur ? Sommes-nous vraiment dans l’attente ? Être vraiment dans le présent signifie attendre, être réel et savoir, avec la sagesse qui naît de l’immobilité, que ce que nous attendons est déjà arrivé. Cette forme d’attente est le véritable espoir – et non le mélange habituel de rêves et de désirs – mais la certitude fondamentale que le résultat final est déjà arrivé et attend de naître dans le temps et les circonstances. Atteindre cet état exige un renoncement, souvent répété et parfois douloureux, à l’illusion et à toute imagination égoïste. L’illusion se reforme et réapparaît constamment. Par conséquent, nous avons besoin d’une pratique régulière. Et si, au cours des prochaines semaines, nous nous attachons à la fidélité à notre rendez-vous deux fois par jour avec la réalité, ce sera du temps bien employé.

Attendons-nous vraiment ? Ou fuyons-nous le doute que rien ne se passe dans ce calme et ce silence ? Attendre, ce n’est pas penser à notre sentiment de séparation ou d’incomplétude, ni céder à la peur de n’être jamais comblés. Attendre signifie abandonner ces pensées et sentiments obsessionnels et sortir de l’orbite de l’ego craintif. Cela signifie céder au frisson de l’accomplissement et à la beauté irrésistible du Christ qui se forme en nous maintenant et qui, à coup sûr, naîtra dans le temps. L’Avent consiste donc à attendre l’amour. Mais comme le dit Rumi, « les amants ne finissent pas par se rencontrer quelque part. Ils sont tout le temps l’un dans l’autre. »