Home 2024 janvier 28 Lectures hebdomadaires – Briser le miroir

Lectures hebdomadaires – Briser le miroir

John Main OSB, extrait de « Smashing the Mirror », Moment of Christ, New York: Continuum, 1998, pp. 50-51.

Je ne pense pas exagéré de dire que la conscience de son moi, l’hyper-conscience de soi de l’égoïsme est le péché originel, parce qu’elle engendre une conscience divisée. Elle agit comme un miroir entre Dieu et soi. Chaque fois que je regarde dans le miroir, c’est moi que je vois. Le but de la méditation est de briser ce miroir afin de ne plus voir les choses, y compris soi-même, à travers leurs reflets et donc à l’envers. […] Il faut briser ce miroir, et Jésus invite à triompher de cette conscience de soi qui renvoie une image de soi, lorsqu’il dit que nul ne peut être son disciple à moins de renoncer à soi.

Il ne faut pas une très longue expérience de la vie pour se rendre compte que cette conscience de soi induit faussement à croire que l’univers entier gravite autour de soi ; ni pour conclure qu’il est effroyable de se trouver dans cet état. Sans doute est-ce là ce qui pousse la plupart d’entre nous à méditer. Nous ne voulons pas passer le restant de notre vie à regarder dans un miroir où nous voyons tout à l’envers… Nous voulons courageusement porter notre regard à l’intérieur du mystère infini de Dieu.

Après la méditation

W.S. Merwin, « Just Now », The Pupil (New York: Knoph, 2001), p. 62.

A l’instant

Le matin, alors que la tempête commence à se dissiper,
le ciel clair apparaît un instant
et il me semble qu’il s’est passé quelque chose
de plus simple que ce que j’aurais pu croire,
plus simple que ce pour quoi j’aurais pu commencer à trouver des mots,
non pas patient ni même en attente,
pas plus caché que l’air lui-même,
devenu un instant une partie de moi à chaque respiration
et resté avec moi inaperçu,
quelque chose qui était là, sans nom,
inconnu au long des jours et les nuits,
pas séparé d’eux,
pas séparé d’eux alors qu’ils venaient et s’en allaient,
cela doit avoir été là, ni tôt ni tard,
alors quel nom puis-je lui donner maintenant, pour lui tendre mes remerciements ?