Home 2024 janvier 14 Lectures hebdomadaires – Le joug léger de l’amitié de Jésus

Lectures hebdomadaires – Le joug léger de l’amitié de Jésus

Laurence Freeman OSB, extrait du Bulletin trimestriel de la WCCM, mars 2006.

La dépendance est la conséquence tragique d’une erreur. Nous pensions que telle substance ou telle activité nous aiderait à trouver ce que nous recherchions. En fait, cela s’est avéré être un démon se faisant passer pour un ange de lumière. Notre soif de Dieu a été détournée et à la place, nous buvons un poison. Lorsque Cortés, l’envahisseur espagnol du XVIe siècle, arriva pour la première fois au Mexique, il apparut aux Aztèques comme l’accomplissement de leurs prophéties religieuses. Ils l’embrassèrent et l’accueillirent puis découvrirent, au détriment de toute leur culture, qu’il était trop tard. Nous nous agrippons toujours à des sauveurs imaginaires, ignorant qu’aucun véritable sauveur ne permet qu’on s’accroche à lui. Le vrai guérisseur autorise la relation mais ne permet pas qu’elle devienne une dépendance. Les premiers chrétiens considéraient Jésus comme un médecin de l’âme plutôt que comme le fondateur d’une nouvelle religion. Le sens profond de sa présence – et de tous ces niveaux d’identité ouverts par sa question « qui dites-vous que je suis ? » – se trouve dans la liberté qu’il offre à ceux qui apprennent de lui la douceur et de l’humilité. C’est surtout accordé à ceux qui acceptent le joug léger de son amitié. Abandonner cette liberté pour une autre dépendance, c’est se condamner à ne pas le reconnaître.

Après la méditation

Denise Levertov, extrait de « The Showings: Lady Julian of Norwich, 1342-1416 » dans The Stream and the Sapphire (NY : New Directions, 1997), p. 58.

Elle a vécu des temps sombres, comme nous :
la guerre et la peste noire, la faim,
les conflits, la torture, le massacre.
Elle savait tout cela, elle le sentait
tristement, tristement,
secouée comme les hommes secouent un linge au vent
.
Mais Julienne, Julienne…
je me tourne vers toi :
tu t’accrochais à la joie
même si les larmes et la sueur coulaient sur ton visage
comme le sang que tu voyais couler en perles innombrables,
pareilles à la pluie qui tombe des toits
:
tu t’accrochais comme un acrobate, par les dents, farouchement,
à un fil de fer fin comme une toile d’araignée,
ton regard témoignait de ta certitude d’une miséricorde infinie,
par une vision extérieure depuis ta petite chambre,
par une vision intérieure dans ton esprit sans entraves –
une connaissance que nous aspirons à partager :
L’amour en était le sens.