Home 2022 mars 27 Lectures hebdomadaires – Où s’arrêtent les « nôtres » ?

Lectures hebdomadaires – Où s’arrêtent les « nôtres » ?

Laurence Freeman OSB, extrait de Meditatio Newsletter, octobre 2019, pp. 4-5.

Pendant quatre ans, la Première Guerre mondiale […] a massacré toute une génération de jeunes hommes, dix millions de militaires et sept millions de civils. Les motifs de cette guerre n’ont jamais été tirés au clair. Il s’agissait bien d’une « absurdité mortelle ». Une telle folie guerrière crée un sentiment de vertige. On perd tout sens de l’équilibre et de la proportion. Le comportement de dirigeants ivres de pouvoir et déterminés à le conserver à tout prix corrompt le langage lui-même. […] La guerre signifie la paix et la paix signifie la guerre. La paix signifie la sauvegarde d’un système déséquilibré qui préserve les privilèges de quelques-uns. La sécurité signifie une stabilité artificielle construite sur la peur et les préjugés. On perd la capacité de faire la distinction entre le réel et l’irréel, et plus encore de sentir la puissance de libération de la vérité, celle-ci devenant un objet de suspicion. […]

Le sentiment d’irréalité que génère étrangement le débat politique d’aujourd’hui se reflète dans le monde imaginaire de la publicité de masse qui offre en continu des images de plaisirs dans un monde de relations égocentriques. Avec l’émergence des communications de masse, nous avons inventé une toute nouvelle échelle pour l’ancien péché de mensonge.

Mais le combat entre la vérité et l’illusion est éternel : « En vivant dans la vérité de l’amour, nous grandirons pour nous élever en tout jusqu’à celui qui est la Tête, le Christ. […] Débarrassez-vous donc du mensonge, et dites la vérité, chacun à son prochain, parce que nous sommes membres les uns des autres. » (Eph 4, 15.25).

 

Après la méditation

 

 

Naomi Shihab Nye, « Pendant une guerre », dans Everything Comes Next, New York, Greenwillow Books/HarperCollins, 2020, p. 84.

Meilleurs vœux à vous & aux vôtres,

Il ferme la lettre.
Pendant un instant, je ne peux pas la replier –
où s’arrêtent « les vôtres » ?
Des yeux sombres implorent :
qu’aurions-nous pu faire d’autre ?
Ta famille,
ta communauté,
le cercle de la terre,
nous ne voulions pas,
nous avons essayé d’arrêter,
nous n’avons pas été entendus
par ces yeux sombres qui meurent maintenant.
Avec quelle facilité ils nous auraient accueillis
pour le café, le servant dans une pièce simple
au tapis resplendissant.
Vos amis & les miens.