Home 2021 septembre 19 Lectures hebdomadaires – Un lien se libère

Lectures hebdomadaires – Un lien se libère

UN LIEN SE LIBÈRE

Laurence Freeman OSB, extrait de Jésus, le maître intérieur, Paris, Albin Michel, 2002.

Le salut se déploie comme un choc pour l’ensemble du système de perception de l’ego. Le choc stimule la prise de conscience. Il s’accompagne d’un profond sentiment de désorientation, car la manière dont l’ego voyait tout tourner autour de lui est bouleversée. La nouvelle façon de voir change notre façon de nous comporter. La vision, et non la volonté brute, est le moyen du salut : le changement du cœur précède le changement des actes. Nous ne pouvons pas séparer la façon dont nous voyons de ce que nous faisons. L’œuvre du salut guérit le clivage qui est en nous en faisant de l’intérieur et de l’extérieur de nous-mêmes une seule et même dimension. [..] Le salut est en quelque sorte une action de lumière, un changement de perception. [..] Le salut est un avant-goût du Royaume. Comme le Royaume, il est partout. Il ne peut être objectivé ni analysé mais il peut être connu par l’amour dans la foi.

 

Après la méditation

 

 

Denise Levertov, « Sojourns in the Parallel World », The Collected Poems of Denise Levertov, New York, New Directions 2013, pp. 935-56.

Nous vivons nos vies de passions humaines,
de cruautés, de rêves, de concepts,
de crimes, et de l’exercice de la vertu,
dans et à côté d’un monde absent à nos préoccupations,
quoique touché, certainement, par nos actions.
Un monde parallèle au nôtre bien qu’ils se chevauchent.
Nous l’appelons «la Nature» : en n’admettant qu’à contrecœur
que nous sommes aussi «la Nature».
Chaque fois que nous perdons la trace de nos obsessions,
de notre souci de nous-mêmes, parce que nous dérivons pour une minute,
une heure même de réponse pure (presque pure)
à cette vie insouciante : le nuage, l’oiseau, le renard,
le flot de lumière, le pèlerinage de la danse de l’eau,
le vaste silence d’éphémères envoûtées sur une vitre éclairée,
des voix d’animaux, le bruissement minéral,
le vent conversant avec la pluie, l’océan avec les rochers,
le chuchotement du feu au charbon –
alors quelque chose qui nous retenait,
nous entravait comme un âne
sur son carré d’herbe râpée et de chardons, se libère.
Personne ne découvre l’endroit précis où nous étions,
quand nous sommes pris à nouveau dans notre propre sphère
(où nous devons revenir, en effet, pour faire évoluer nos destins) –
mais nous avons changé, un peu.