Home 2021 février 14 Lectures hebdomadaires – L’intériorité

Lectures hebdomadaires – L’intériorité

Laurence Freeman OSB, « Le pouvoir de l’attention », La parole du silence, Le Jour, éditeur, 1995, p. 50-55

La vraie intériorité est l’opposé de l’introversion. Lorsque nous sommes éveillés à la présence qui nous habite, notre conscience est retournée, con-vertie, de sorte que nous ne nous préoccupons plus de nous-mêmes, comme à l’habitude, en anticipant ou nous remémorant des sentiments, des réactions, des désirs, des idées ou des rêves éveillés.

Il serait plus facile, croyons-nous, de fuir l’introspection si nous savions vers quoi nous tourner. Si seulement nous pouvions fixer notre attention sur un objet précis. Si seulement Dieu pouvait être représenté par une image. Mais Dieu, le vrai, ne peut jamais être une image. Les images de Dieu sont des dieux. Une image de Dieu ne nous conduit finalement qu’à contempler une image pimpante de nous-mêmes. Être vraiment intériorisé, ouvrir l’œil de notre cœur, c’est vivre dans la vision sans image qu’est la foi ; c’est cette vision-là qui nous permet de « voir Dieu ». Dans la foi, notre attention est soumise à un nouvel Esprit, elle n’est plus soumise aux esprits du matérialisme, de l’égoïsme et de l’instinct de conservation, mais à l’ethos de la foi qui est par nature dépossession. […] C’est l’état extatique et permanent de la dépossession.

On peut entrevoir cela en pensant simplement à ces moments ou phases de notre vie où nous nous sommes sentis au comble de la paix, de la plénitude et de la joie, et en reconnaissant que ce furent des moments où nous ne possédions rien, mais où nous nous étions oubliés en quelque chose ou en quelqu’un. Le passeport pour le Royaume doit porter le tampon de la pauvreté.

 

Après la méditation

 

 

Tukaram (v. 1608-1649), « A Fancy Event » dans Love Poems from God : Twelve Sacred Voices from East and West, trad. Daniel Ladinsky, New York, Penguin Compass, 2002, p. 359.

UN ÉVÉNEMENT CHIC

J’étais invité à un événement chic
et en arrivant,
l’un des invités m’a dit :

« Tukaram, ta chemise est à l’envers et ton pantalon aussi,
et on dirait que tes cheveux n’ont jamais entendu le mot « peigne »,
et que tes chaussures ne sont pas assorties ».

J’ai répondu :

« Merci,
j’avais remarqué tout cela avant de partir,
mais pourquoi essayer de tromper
qui que ce soit ».