Home 2020 juillet 12 Lectures hebdomadaires – La puissance de l’amour

Lectures hebdomadaires – La puissance de l’amour

Laurence Freeman OSB, extrait de « Sagesse pour tous » dans La parole du silence, Le Jour, éditeur, 1995.

Le monde a toujours recherché l’intelligence, la force, la puissance. Il vénère ce qui est respectable, utile, influent, réussi. Mais la sagesse chrétienne révèle son symbole suprême chez un nouveau-né : vulnérable, impuissant, dépendant. Elle préfère ceux qui sont rejetés, en échec, mal-aimés, sans-abri, ceux pour qui il n’y a pas de chambre à l’auberge, ceux qui sont assoiffés, malades, nus. Nous n’avons pas besoin de voyager loin pour les trouver. Ils sont déjà là dans notre vie. Les trouver, c’est forcément nous regarder nous-même, tout comme le Christ se voit en eux, et voir de quelle manière nous sommes nous-même malade, affamé et sans abri.

Pour les chrétiens, la méditation n’est pas une voie vers une connaissance ésotérique. Elle est un moyen d’aimer davantage. Elle n’est pas une voie de spéculation mais de pratique. Et ce que nous pratiquons est un travail humble, simple et enfantin. La méditation ouvre l’œil de la sagesse chez ceux qui la pratiquent avec foi, car elle libère la puissance de l’amour qui nous permet de nous aimer les uns les autres, non par intérêt personnel mais avec une générosité spontanée. En aimant, nous parvenons à la seule connaissance qui compte, la connaissance que Dieu est amour.

 

Après la méditation

 

 

Naomi Shihab Nye, « La bonté », Words under the Words, Selected Poems, Portland, Far Corner Books, 1995, p. 42.

La bonté

Avant de savoir ce qu’est vraiment la bonté vous devez perdre des choses, sentir l’avenir se dissoudre en un instant comme le sel dans un pâle bouillon. Ce que vous teniez dans votre main, ce que vous avez compté et soigneusement conservé, tout cela doit disparaître pour que vous sachiez à quel point le paysage peut être désolant parmi les régions de la bonté. C’est comme si vous rouliez et rouliez en pensant que le bus ne s’arrêtera jamais, pendant que les passagers mangent du maïs et du poulet en regardant par la fenêtre pour toujours.

Avant d’apprendre la tendre gravité de la bonté, vous devez vous rendre là où l’Indien en poncho blanc gît mort au bord de la route. Vous devez considérer que cela pourrait être vous, car lui aussi était quelqu’un qui a traversé la nuit avec des projets et le simple souffle qui l’a maintenu en vie.

Avant de savoir que la bonté est la chose intérieure la plus profonde, vous devez connaître le chagrin comme une autre chose intérieure profonde. Vous devez vous réveiller avec du chagrin. Vous devez lui parler jusqu’à ce que votre voix attrape le fil de toutes les douleurs et que vous voyiez la taille du tissu.

Alors, seule la bonté a un sens, seule cette bonté qui vous permet d’attacher vos chaussures et vous envoie dans la journée pour poster des lettres et acheter du pain, cette bonté qui relève la tête de la foule du monde pour dire : « C’est moi que vous cherchez et qui vous accompagne partout comme une ombre ou un ami. »