Home 2020 avril 19 Lectures hebdomadaires – Pitié et compassion

Lectures hebdomadaires – Pitié et compassion

Laurence Freeman OSB, extrait de « Forgiveness and Compassion », Aspects of Love, Londres, Medio Media, 1997, pp. 72-73.

Pour apprendre à aimer tout le monde, nous devons nous défaire de nos abstractions. Nous devons quitter notre esprit statistique qui est souvent la façon dont nous traitons la souffrance des autres. […] Apprendre à aimer signifie être capable de voir chaque membre de l’humanité comme une personne unique. C’est là que nous arrivons à la grande différence entre la compassion et la pitié. La pitié, c’est lorsque nous aimons quelqu’un qui souffre, mais que notre amour est encore mêlé à de la peur. Lorsque nous voyons la souffrance d’autrui, lorsque nous voyons quelqu’un mourir par exemple, nous ne pouvons pas nous empêcher de craindre notre propre mort ; et si nous sommes contrôlés par cette peur, même inconsciemment, nous avons pitié de la personne qui est en train de mourir. Nous disons : « Le pauvre ! » (mais nous pensons : « Dieu merci, ce n’est pas moi »). En revanche, lorsque notre amour rencontre la souffrance de l’autre et brise notre peur égocentrique, nous ne considérons plus l’autre comme un « pauvre » : nous le considérons comme une personne comme nous. Il n’est pas séparé de nous. Le sens de la compassion est de nous amener à reconnaître que nous pleurons avec ceux qui pleurent, que nous mourons avec ceux qui meurent, que nous souffrons avec ceux qui souffrent. C’est la compassion du Christ qui a uni en lui toute l’humanité. « Quand tu as donné un verre d’eau à celui qui a soif, c’est à moi que tu l’as donné. […] Ce que vous avez fait au plus petit de ces petits qui sont les miens, c’est à moi que vous l’avez fait. »

Après la méditation

 

Fady Joudah, « Mimesis », Poetry of Presence, ed. Phyllis Cole-Dai et Ruby R. Wilson, West Hartford, CT, Grayson Books, 2017, p. 192.

Mimésis

Ma fille n’a pas voulu faire de mal à l’araignée qui a fait son nid entre les poignées de sa bicyclette pendant deux semaines. Elle a attendu qu’elle parte d’elle-même.

Si tu déchires la toile, lui ai-je dit, elle saura simplement que ce n’est pas un endroit où faire son nid et tu pourras aller faire du vélo.

C’est ainsi que les autres deviennent des réfugiés, n’est-ce pas ?  a-t-elle dit.

Fady Joudah est né au Texas, de parents réfugiés palestiniens. Il a grandi en Libye et en Arabie Saoudite avant de retourner aux États-Unis étudier la médecine. En plus d’écrire de la poésie, il est médecin urgentiste à Houston, Texas, et bénévole pour Médecins sans frontières.