Home 2019 août 04 Lectures hebdomadaires –

Lectures hebdomadaires –

Laurence Freeman osb, « Prayer as Meeting : A Christian-Muslim Gathering », The Tablet, Septembre 2006.

Les gens religieux négligent facilement l’évidence, or c’est là le plus évident et l’essentiel à ne pas oublier : celui qui n’aime pas ne connaît rien de Dieu. Ceci n’est pas un raisonnement métaphysique, mais la raison du cœur. L’expérience humaine la plus universelle l’enseigne depuis le commencement de la vie, et sans lui, la vie est insupportable. L’amour est transcendance, recentrement de la conscience par l’acte de l’attention patiente à l’autre. Les parents en font l’expérience, les amants aussi, et les gens religieux le doivent également s’ils veulent être authentiques

Notre vie est le reflet de notre prière. Nous vivons dans la puissance de la transcendance grâce à une prière profonde. Pas seulement la salat (les cinq prières quotidiennes du musulman) et la liturgie, mais la contemplation. Le but de la vie d’ici-bas, nous dit saint Augustin, est simplement d’ouvrir l’œil du cœur par lequel nous voyons Dieu. La transcendance nous rend plus humains parce qu’elle répond à ce projet humain. Les moyens nous sont fournis par ce qu’enseigne la religion à condition qu’elle ne se prenne pas pour la fin : attente, patience, immobilité et, tout particulièrement à l’âge de la communication instantanée, silence. […] [À la Rencontre chrétiens-musulmans], nous avons fait les prières de la salat et récité les prières chrétiennes, mais nous sommes aussi restés assis en silence pour méditer – nous appelons cela prière du cœur ; ils l’appellent dhikr. Elle réduit une multitude de mots à un seul dans une riche pauvreté d’esprit. Dans ce silence, nous avons touché une universalité que les mots, habituellement, ne font que désigner. Ce n’est pas une fuite de la réalité, mais un embrassement de la réalité divine que les uns comme les autres nous connaissons comme amour. Cette expérience du silence dans la transcendance modifie les relations d’une manière qui reste inaccessible aux paroles. Nous vivons ensemble différemment après avoir été patients ensemble dans le silence de l’amour.

 

Après la méditation

 

 

Danusha Lameris, “Small Kindnesses”, in Moons of August, Autumn House, 2014, noted in Unvirtuousabbey.com on 7.24.19.

Je pensais à la façon dont les gens s’effacent pour vous laisser passer,
lorsque vous marchez dans une rue bondée.
Ou bien à ces étrangers qui continuent à dire « Dieu vous bénisse »
quand quelqu’un éternue – un reste de la peste bubonique.
« S’il vous plait ne mourez pas » disons-nous.
[… disent les Anglais. « A vos souhaits », disons-nous en France. NDT].
Et parfois, lorsque des citrons tombent de votre sac,
quelqu’un vous aide à les ramasser.
Nous ne voulons surtout pas nous faire du mal.
Nous voulons qu’on nous tende notre tasse de café bien chaud
et remercier la personne qui nous la tend.
Nous leur sourions et ils nous sourient en retour.
Nous aimons que la serveuse nous appelle, ma chérie, en posant le bol de soupe de palourde,
et que le conducteur de la camionnette rouge nous laisse passer.
Nous recevons si peu les uns des autres, de nos jours.
Si loin de la tribu et du feu. Seuls ces brefs moments d’échange.
Et s’ils étaient la véritable demeure du saint,
ces temples éphémères que nous formons ensemble lorsque nous disons:
« Tenez, prenez ma place. » « Passez devant, vous d’abord. » « J’aime votre chapeau. »