Home 2018 septembre 30 Lectures hebdomadaires – Une communauté d’amour

Lectures hebdomadaires – Une communauté d’amour

Extrait de Laurence Freeman osb, Bulletin trimestriel, 2007-3.

Une communauté d’amour ne disparaît pas quand sa taille augmente ou diminue. Elle ne s’accroche pas aux amis qu’elle s’est faits ni se défend contre les étrangers, elle ne fait pas payer de droit d’entrée et ne vérifie pas les références de ses membres. Mais, elle ne cesse jamais d’explorer l’expérience d’amour qui lui a donné naissance et qui inévitablement et finalement, doit la conduire à un sommet du haut duquel se révèle l’étendue illimitée de l’amour.

Quand John Main est décédé il n’y avait pas grand-chose à montrer de sa vision… juste une petite communauté monastique et les balbutiements d’une autre à l’échelle mondiale. Mais il avait reconnu, déjà, qu’elle devait changer de direction, pour s’éloigner encore plus de l’institutionnel et entrer plus profondément dans le mystère de la communauté qui s’accomplit au prix de la solitude. Il avait compris que sa vision d’une communauté d’amour se réaliserait dans des personnes et non dans des structures ou des institutions.

Ce serait une erreur d’aborder la célébration de l’expansion de son œuvre de manière triomphale. Une célébration est autre chose qu’un triomphe : elle est liée à la croissance et au développement de la personne… De même qu’on ne mesure pas le progrès en méditation aux résultats ou aux sensations, de même la croissance d’une communauté d’amour est personnelle, intime, et non statistique. Le vrai sens du mot grandir pour une communauté d’amour est sans doute dans cet apprentissage : que l’intérieur et l’extérieur obéissent aux mêmes lois…

Une communauté d’amour exige bien du labeur, comme le travail intérieur de la méditation, mais son mystère se voit dans la grâce, le don gratuit de l’Esprit qui commence le travail depuis le début et voit son achèvement dans le présent éternel. C’est ce travail de l’Esprit que nous célébrons.

 

Après la méditation

 

 

Rumi, “Two Kinds of Intelligence”, The Essential Rumi, d’après la trad. anglaise de Coleman Barks, Edison, New York, Castle Books, 1997, p. 178.

Il existe deux sortes d’intelligence : l’une acquise
à l’école quand l’enfant retient des faits et des concepts
à partir des livres et des paroles du maître,
recueillant des informations des sciences traditionnelles
et des sciences nouvelles.

Avec cette intelligence, on s’élève dans le monde.
On est classé devant ou derrière les autres
selon son aptitude à retenir
l’information. Avec cette intelligence, on se promène
d’un domaine à l’autre de la connaissance, accumulant toujours plus
d’inscriptions sur ses tablettes de conservation.

Il existe une autre sorte de tablette, une tablette
déjà complète et conservée à l’intérieur de soi,
une source qui déborde. Une fraîcheur
au milieu de la poitrine. Cette autre intelligence
ne jaunit pas à force de stagner. Elle est fluide,
et elle ne se meut pas de l’extérieur vers l’intérieur
par les tuyaux de la plomberie-apprentissage.

Ce second savoir est une fontaine
Qui s’écoule de l’intérieur vers l’extérieur.