Home 2018 septembre 09 Lectures hebdomadaires – La foi, chemin de transformation

Lectures hebdomadaires – La foi, chemin de transformation

Laurence Freeman, osb, extrait du Bulletin trimestriel, 2008, 3.

Voir la réalité telle qu’elle est, ou du moins se libérer progressivement de certains filtres, est un acte essentiel de foi. Il est l’expression du visage confiant de la foi, car l’attachement aux croyances et aux rituels de notre tradition (plutôt qu’aux croyances et aux rituels en eux-mêmes) devient une sécurité non seulement fausse mais falsifiante. C’est pourquoi beaucoup de personnes profondément religieuses ont une aversion ou une antipathie pour la méditation parce qu’elle leur paraît (et à juste titre) mettre en danger les frontières sûres qui protègent leur vision du monde et leur sentiment d’être différents et supérieurs aux autres.

Suivre une voie de foi ne consiste pas à adhérer obstinément à un point de vue unique ni aux systèmes de croyances et aux traditions rituelles qui l’expriment. Ce serait simplement de l’idéologie ou du sectarisme et non de la foi. La foi est un chemin de transformation qui demande que l’on entre dans, que l’on traverse et que l’on dépasse nos cadres de croyance et nos observances extérieures, sans les trahir ou les rejeter, mais sans se laisser  non plus prendre au piège de leurs formes d’expression. Pour saint Paul, la Voie du salut commence et finit dans la foi. La foi est donc un état d’ouverture, depuis le tout début du cheminement humain. Naturellement, nous avons besoin d’un cadre, d’un système et d’une tradition. Si nous sommes stablement établis en eux, le processus de changement se déploie et notre point de vue sur la vérité s’élargit continuellement.

 

Après la méditation

 

 

Mary Oliver, « Who Said This ? », in Red Bird, Boston, Beacon, 2008, p. 58.

Quelque chose a murmuré quelque chose
qui n’était même pas un mot.
C’était plutôt comme un silence,
qui était compréhensible.
J’étais debout
au bord de l’étang.
Rien de vivant, de ce que nous appelons vivant,
n’était visible.
Et pourtant, la voix pénétra en moi,
dans mon corps-vie,
avec tant de bonheur.
Et il n’y avait rien ici
que l’eau, le ciel et l’herbe.