Home 2017 juillet 30 Lectures hebdomadaires – Le silence de l’âme

Lectures hebdomadaires – Le silence de l’âme

Laurence Freeman, osb, « Le Silence de l’âme » [extrait], The Tablet, 10 mai 1997.

Nos pensées, nos peurs, nos rêves, nos espoirs, nos colères et nos attirances vont et viennent, fluctuent d’instant en instant. Nous nous identifions spontanément avec ces états passagers ou compulsivement répétitifs, sans penser à ce que nous pensons. Une fois que le silence nous a enseigné combien ces états, en réalité, sont passagers, nous sommes confrontés à la terrible question de savoir qui nous sommes. Dans le silence, nous nous débattons avec la terrible éventualité de notre propre irréalité.

Les bouddhistes ont fait de cette expérience – qu’ils appellent l’anatman ou « l’absence de soi » – l’un des piliers centraux de leur sagesse sur le chemin de la libération de la souffrance et l’un de leurs moyens essentiels d’illumination. Le pratiquant bouddhiste est encouragé à débusquer ce sentiment de l’impermanence intérieure et plutôt que de le fuir, d’y plonger tête baissée, à l’instar des grands mystiques chrétiens.

On comprend que l’anatman soit l’idée bouddhique qui nous pose le plus de problème. N’est-il pas absurde, effroyable, sacrilège même, de dire que je n’existe pas ? En fait, l’opposition chrétienne à l’anatman est pour l’essentiel infondée ou fondée sur une méprise. Cela ne signifie pas que nous n’existons pas, mais que nous n’existons pas de manière autonome, indépendante, qui est cette sorte d’existence que l’ego s’imagine détenir.

Je n’existe pas par moi-même parce que Dieu est le fondement de mon être. Cette intuition permet d’entendre les paroles de Jésus avec plus de profondeur. « Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour et qu’il me suive. Car (…) celui qui perdra sa vie à cause de moi la sauvera. » (Luc 9, 23-24). Si, grâce au silence, nous parvenons à accueillir cette vérité de l’anatman, nous découvrons que la conscience, l’âme, est plus que le stupéfiant système de calcul, d’évaluation et de jugement du cerveau. Nous sommes plus que ce que nous croyons être.

 

Après la méditation

 

 

Le Dhammapada, « Le chemin qui libère », versets 276-279.

Tu dois faire ton propre travail, les êtres éveillés ne font que montrer la voie. Ceux qui pratiquent la méditation seront libérés des chaînes de l’illusion.

Toutes les choses changent ; elles viennent et passent. Une fois qu’on voit cela, on est libéré de la tristesse. Ceci est le chemin exemplaire.

Exister, c’est connaître la souffrance. Une fois qu’on voit cela, on est libéré de la souffrance. Ceci est le chemin lumineux.

Toutes les choses sont impersonnelles. Une fois qu’on comprend cela, on est libre. Ceci est le chemin de la clarté.