Home 2022 juillet 24 Lectures hebdomadaires – Pourtant notre espoir réside dans l’inconnaissance

Lectures hebdomadaires – Pourtant notre espoir réside dans l’inconnaissance

Laurence Freeman OSB, extrait de « Lettre quatre », Un monde de silence, Montréal, Le Jour éditeur, 1998, p. 68.

La méditation n’est pas une technologie de l’information. Elle a trait à la connaissance qui sauve, à la conscience pure – à la connaissance et non au savoir sur quelque chose. Elle n’augmente pas notre capital d’informations. Nous renonçons à notre habitude de collecter et trier des informations pour nous tourner vers une connaissance qui n’est pas quantifiable, une connaissance qui unifie plutôt qu’elle n’analyse. Le sentiment de faire quelque chose d’absurde ou d’improductif est le signe positif que nous sommes conduits par « un esprit de sagesse qui nous révèle Dieu et nous le fait vraiment connaître » (Éphésiens 1,17). Cette connaissance rédemptrice et recréatrice est la sagesse qui manque à notre époque. On peut la reconnaître et la distinguer de ses contrefaçons car elle ne revendique ni n’affiche aucun pronom possessif. Personne ne prétend qu’elle est la sienne.

Elle est la conscience de l’Esprit Saint et, par conséquent, la matrice de tout acte d’amour véritable. Confrontée à la tragédie la plus démoralisante, elle est aussi proche de nous que nous le sommes de notre vrai moi.

 

Après la méditation

 

 

Denise Levertov, « Kyrie de la messe pour la fête de saint Thomas Didyme », dans Before the Door of God, ed. Hopler and Johnson, New Haven, Yale, 2013, pp. 315-16.

 

Ô insondable inconnu, chandelle vacillante,
pépite bien-aimée
logée dans le dernier recoin
du cœur obscur,
aie pitié de nous.

Du passé, nous choisissons et recueillons des bribes
pour nourrir notre orgueil ou nos griefs.
Nous vivons dans la terreur
de ce que nous savons :

la mort, la mort,
la mort du monde que nous imaginons et ne pouvons imaginer,
nous qui sommes peut-être le premier
et le dernier témoin.

Nous vivons dans la terreur
de ce que nous ne connaissons pas,
la terreur de ne pas savoir,

de l’illimité où, en chute libre pour toujours,
notre effroi s’enfonce et sombre,
ou de la fin violente de tout.

Pourtant, notre espoir
réside dans l’inconnu,
dans l’inconnaissance.

O profond et lointain inconnu,
O insondable inconnu,
aie pitié de nous.