Home 2021 décembre 05 Lectures hebdomadaires – Vous ne possédez rien

Lectures hebdomadaires – Vous ne possédez rien

John Main OSB, extrait de « Detachment », in The Hunger for Depth and Meaning, ed. Peter Ng, Singapour, Medio Media, 2007, p. 129.

L’une des leçons les plus importantes que la méditation a à nous enseigner est le détachement. Le détachement n’est pas une dissociation de soi, une fuite de ses problèmes ou de sa situation de vie. Ce n’est pas un refus de l’amitié ou de l’affection, ni même de la passion. C’est, par essence, le détachement de la préoccupation de soi, de la mentalité qui nous place au centre de toute la création. […] Dans la méditation, nous abandonnons notre désir de contrôler, de posséder, de dominer. Nous cherchons à être qui nous sommes. En étant qui nous sommes, nous sommes ouverts au Dieu qui est. C’est dans cette ouverture que nous sommes remplis d’émerveillement, de force et d’énergie – l’énergie d’être et d’être dans l’amour. […]

Être détaché de nos possessions, c’est en être libre, ne pas être possédé par elles. Nous devons apprendre à nous détacher non seulement de nos [biens matériels], mais aussi de nos pensées, nos sentiments, nos désirs et même notre conscience de soi. Cela paraît non seulement impossible à nos esprits modernes, mais il semble même scandaleux que quelqu’un puisse sérieusement proposer cela. Mais c’est exactement la vérité. […] Méditer, c’est se perdre, se laisser absorber en Dieu, se perdre totalement dans l’immensité généreuse que nous appelons Dieu.

 

Après la méditation

 

 

Margaret Atwood, « The Moment », in Eating Fire, Londres, Virago, 1998, via www.poetryarchive.org.

Le moment

Le moment où, après de nombreuses années de dur labeur et un long voyage, vous vous tenez au centre de votre chambre, de votre maison, de votre espace, de vos mètres carrés, de votre île, de votre pays, en sachant enfin comment vous êtes arrivé là, et où vous dites : « ceci m’appartient »,

c’est au même moment que les arbres desserrent leurs bras doux autour de vous, que les oiseaux reprennent leur langage, que les falaises se fissurent et s’effondrent, que l’air se retire de vous comme une vague et que vous n’arrivez plus à respirer.

Non, chuchotent-ils. Vous ne possédez rien. Vous n’étiez qu’un visiteur, grimpant jour après jour sur la colline, plantant le drapeau, clamant. Nous ne vous avons jamais appartenu. Vous ne nous avez jamais trouvés. Ce fut toujours l’inverse.