Home 2021 juin 06 Lectures hebdomadaires – Vraiment chez soi

Lectures hebdomadaires – Vraiment chez soi

Laurence Freeman OSB, « L’Espérance », La parole du silence, Le Jour éditeur, 1995, p. 200-201.

L’espérance n’est pas un désir de quelque chose. Ce n’est pas un rêve éveillé. C’est l’inverse de l’imagination. L’espérance est une attitude fondamentale ou une orientation de la conscience. C’est une orientation vers l’extérieur. Avoir l’espérance, c’est faire la découverte que nous faisons partie intégrante de quelque chose de plus grand que nous, et que nous vivons avec l’énergie de cette réalité totale. L’espérance, c’est se tourner vers l’extérieur, quelle que soit la difficulté de maintenir cette posture. Le désespoir est l’abandon de la conscience à la force de l’introversion. […] L’espérance est une vertu absolue, constante et inconditionnelle. On ne peut pas avoir de l’espérance uniquement lorsque les choses vont bien. Il faut avoir de l’espérance et, en un sens, choisir d’en avoir, quelle que soit la tournure des événements, quelle que soit la tendance à retomber dans la conscience de soi, dans l’enceinte sûre de l’ego. L’espérance est l’une des vertus qui résulte de la prière profonde. […] L’espérance est l’aspiration à être vraiment arrivé chez soi. C’est l’aspiration la plus forte de notre être.

 

Après la méditation

 

 

Tom Hennen, « From a Country Overlooked » [D’un pays oublié], Darkness Sticks to Everything, Port Townsend, WA, Copper Canyon Press, 2013, p. 74.

Il n’est pas de créatures que l’on ne puisse aimer.
Une grenouille qui appelle Dieu
d’un fossé plein de lune
quand vous êtes sur une route de campagne
dans la nuit de juin.
Le son suffit à faire pleurer les étoiles de bonheur.
Le matin, le vert du paysage
est soulevé du sol par l’odeur de l’herbe.
Le jour traverse les heures,
porté sans effort par les insectes brillants
qui vivent leur vie secrète.
La beauté de l’espace
vers les horizons de prairies
nous fait mal.
Les feuilles du peuplier cliquètent dans une langue antique
au plus froid et plus sombre de l’univers.
Le peuplier vous parle aussi
de brise et de soleil tacheté.
Vous êtes chez vous dans ces grands espaces vides
tout comme les merles aux ailes rouges et les marais.
Vous êtes à l’aise dans ce lieu
si plein de grâce et d’être
qu’il scintille comme des joyaux
répandus sur l’eau.