Home 2019 août 25 Lectures hebdomadaires –

Lectures hebdomadaires –

Laurence Freeman osb, « Frequent Flyer » paru dans The Tablet, 10 août 2004.

Cela fait plus de trente ans maintenant que j’observe les réactions de ceux qui participent pour la première fois à la retraite silencieuse annuelle de méditation chrétienne à Monte Oliveto Maggiore, la maison-mère de la Congrégation des bénédictins olivétains. La beauté physique du lieu, juste au sud de Sienne, est déjà dérangeante en soi. En découvrant la paix et la confiance qui émanent du lieu, la simplicité des moines en habit blanc qui vivent là, on pourrait penser, au premier abord, que ce chez-soi est tellement celui d’un autre qu’on est condamné à s’y sentir étranger. Mais il s’avère que c’est un de ces rares endroits ayant cette grâce que chacun puisse se sentir chez soi.

À notre époque d’intégrisme religieux, c’est une source de lumière que de trouver un environnement profondément religieux, qui accueille des gens d’opinions et de cultures différentes ; qui ne se jette pas immédiatement sur les différences et ne colle pas des étiquettes d’approbation ou d’exclusion ; qui ne se met pas à juger et condamner avec dureté, ou à acquitter au nom du Christ, d’Allah ou de Yahvé. Je suppose que c’est cela, l’amitié du corps et de la pensée dans un environnement de beauté naturelle, l’amitié merveilleuse trouvée dans la contemplation partagée avec des étrangers, le fait d’être ensemble dans un courant d’eau vive de la tradition qui n’a pas rencontré de barrage qui l’aurait rendu stagnant, c’est cela qui fait que l’on se sent chez soi.

Comme le note hardiment Aelred de Rievaulx, Dieu n’est pas seulement amour. Dieu est amitié, avec soi-même, les autres et l’environnement. Ceux qui ne sont pas dans l’amitié ne peuvent rien connaître de Dieu, même et surtout s’ils sont habités de cette certitude impitoyable – celle des fondamentalistes – d’être en train de défendre Dieu contre ses ennemis. Cela fait partie de la quête spirituelle de notre temps que d’aspirer à un tel sentiment de connection et de confiance mutuelle, à une religion qui nourrit la communauté et non la division. Et c’est peut-être ce sentiment inclusif, catholique, d’être chez soi avec la différence, qui donne le sens de la présence réelle. Si l’on est vraiment chez soi en Dieu, on se sentira chez soi, dans la paix et la compassion, partout.

 

Après la méditation

 

 

D.H. Lawrence, “Pax”, cité dans David Steindl-Rast osb, Gratefulness, the Heart of Prayer, Paulist, New York, 1984, p. 185.

Tout ce qui compte, c’est d’être uni au Dieu vivant
D’être une créature dans la maison du Dieu de Vie.

Comme un chat qui dort sur une chaise
en paix, dans la paix
et uni au maître et à la maîtresse de la maison,
à la maison, chez lui dans la maison des vivants,
dormant devant l’âtre et bâillant devant le feu.

Dormant devant l’âtre du monde vivant,
bâillant chez lui devant le feu de vie
sentant la présence du Dieu vivant
comme un grand réconfort
un calme profond dans le cœur
une présence
comme celle d’un maître siégeant à son rang
grandi dans son être,
dans la maison de vie.