Home 2018 décembre 09 Lectures hebdomadaires – La pauvreté de l’interdépendance

Lectures hebdomadaires – La pauvreté de l’interdépendance

Laurence Freeman osb, in: « Anniversaire de John Main », Bulletin trimestriel, hiver 1996.

Aujourd’hui, nous entrons dans une nouvelle ère de dialogue religieux, de tolérance, de respect mutuel et nous apprenons les uns des autres, ce que les générations précédentes n’auraient jamais pu imaginer. La légitimité de ce dialogue nous est attestée par le fait qu’il est on ne peut plus compatible avec la personnalité et l’exemple de Jésus. Il ne rejetait personne, tolérait tout le monde et voyait le mystère de Dieu en tout être humain et dans la nature. Il mangeait en compagnie de ceux qu’il aurait dû mépriser ; il parlait avec ceux qu’il aurait dû éviter. Il était aussi ouvert aux autres qu’il l’était à Dieu. […]

En Jésus, le temps et l’éternité se rencontrent, le Verbe se fait paroles humaines. Mais la jonction se fait dans la pauvreté humaine en esprit. […] La pauvreté n’est pas seulement l’absence de choses, mais la conscience que l’on a besoin des autres et de Dieu. Ce besoin chez l’être humain est universel. Il est partagé par les riches et les puissants comme par les pauvres et les plus marginalisés. Il n’est que le sentiment très fort que suscite notre état d’interdépendance.

En méditation, nous plongeons à un niveau de réalité plus profond que le niveau superficiel du mental dominé par l’ego qui, trop souvent, nous retient dans le filet de l’illusion de notre indépendance et de notre isolement. Nous ne sommes pas séparés les uns des autres ni de Dieu. La sagesse est de reconnaître ce fait, et la compassion est de le pratiquer.

 

Après la méditation

 

 

Les Upanishads, extrait de Shvetashvatara Upanishad, tr. Eknath Easwaran, Tomales, CA: Nilgiri Pressm, 1995, p. 225.

Que le Seigneur de l’amour,
qui se manifeste en cet univers sous des myriades de formes,
de qui proviennent tous les êtres et vers qui tous retournent,
nous accorde la grâce de la sagesse.

Il est le feu et le soleil, la lune et les étoiles.
Il est l’air et la mer, et le Créateur, Prajapati[1].
Il est ce garçon, il est cette fille,
il est cet homme, il est cette femme
et il est aussi ce vieil homme, chancelant sur sa canne.
Son visage est partout.

Il est l’oiseau bleu, il est l’oiseau vert aux yeux rouges ;
il est le nuage d’orage, et il est les saisons et les mers.
Il n’a pas de commencement, il n’a pas de fin.
Il est la source où tout prend naissance.

De sa puissance divine découle
toute cette production de noms et de formes,
de toi et moi, qui jette un sort de souffrance et de plaisir.
Ce n’est que lorsque nous traversons le voile
que nous voyons l’Un qui apparaît multiple.

[1] Père ou Seigneur des créatures ; dans la mythologie hindoue, qualifie généralement le dieu créateur, père des dieux et des démons.