John Main, osb, « S’écarter du mantra », in The Heart of Creation, New York, Continuum, 1998, pp. 9-10.

La méditation, et le retour permanent à la méditation, chaque jour de notre vie, équivaut à se frayer un chemin jusqu’à la réalité. […] Et ce n’est pas rien d’entrer dans la réalité, de devenir réel, de devenir qui nous sommes, parce que cette expérience nous libère de toutes les images qui nous tourmentent en permanence. Nous n’avons pas à nous conformer à l’image que qui que ce soit se fait de nous, mais simplement à être la personne réelle que nous sommes.

La méditation se pratique dans la solitude, mais c’est le moyen suprême pour apprendre à être en relation. La raison de ce paradoxe, c’est que, étant entré en contact avec notre propre réalité, nous avons la confiance existentielle qui nous permet d’aller vers les autres, de les rencontrer à leur niveau de réalité. C’est ainsi que l’élément solitaire de la méditation, mystérieusement, est le véritable antidote à l’isolement. Ayant rejoint notre conformité avec la réalité, nous ne sommes plus menacé par l’altérité de l’autre. Nous ne sommes pas perpétuellement en quête d’une affirmation de nous-mêmes. Nous faisons la quête de l’amour, en quêtant la réalité de l’autre. Dans la vision chrétienne de la méditation, nous rencontrons la réalité du grand paradoxe enseigné par Jésus : si nous voulons trouver notre vie, nous devons être prêts à la perdre. En méditant, c’est exactement ce que nous faisons.

 

Après la méditation

 

 

Lytta Basset, extrait de La Source que je cherche, Albin Michel, 2017.

Pourquoi, après avoir trouvé Dieu, éprouvons-nous toujours le sentiment de ne pas l’avoir trouvé ? se demandait Henri de Lubac. Je répondrais volontiers : c’est pour que nous restions tous des chercheurs, quelles que soient nos expériences et nos non-expériences spirituelles. Quoi de plus rassembleur que la quête de la source ?