John Main, osb, Un mot dans le silence, un mot pour méditer, Le Jour, 2011, pp. 75-77.

Pour devenir des personnes, il faut d’abord se laisser aimer. Afin de nous faciliter la tâche, l’Esprit Saint a été envoyé dans notre cœur pour le toucher, pour l’éveiller et pour attirer notre esprit dans sa lumière rédemptrice. L’envoi de l’Esprit fut un événement de résurrection qui se poursuit, aussi nouveau aujourd’hui qu’il le fut, comme le raconte saint Jean : « le soir venu en ce premier jour de la semaine, alors que les portes où se trouvaient les disciples étaient verrouillées, Jésus vint, […] souffla sur eux et leur dit : ‘Recevez l’Esprit Saint’. »

La léthargie naturelle de l’être humain, son besoin de se dérober à lui-même et sa réticence à se laisser aimer ne sont pas des obstacles à la venue de l’Esprit Saint, pas plus que ne l’étaient les portes closes. L’Esprit a été envoyé dans le cœur de l’homme, qui vit, là, le mystère divin aussi longtemps que Dieu maintient l’homme dans l’existence. Même dans le cœur d’un homme qui serait totalement mauvais, s’il existe un tel homme, l’Esprit Saint crierait quand même et sans arrêt : « Abba, Père. » […]

Tout débute avec la vague conscience de l’éveil de l’Esprit dans notre cœur, la vague conscience de la présence d’un Autre qui nous permet de nous connaître. En nous éveillant à la totalité de cette réalité, en écoutant notre cœur, nous nous éveillons à la preuve vivante de notre foi, justifiant cette première impression, ce premier espoir. Et ainsi que le déclarait saint Paul aux Romains : « La vertu éprouvée [produit] l’espérance. Et l’espérance ne déçoit pas, puisque l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné. »

Le langage exalté de saint Paul reflète l’exaltation de son éveil personnel à la réalité de l’Esprit, à l’expérience de la joie libérée, insistante et débordante, que Jésus prêchait et qu’il communique par son Esprit. C’est l’exaltation de la prière.

 

Après la méditation

 

 

Hildegarde de Bingen, « Antiphon for the Holy Spirit » in Women Mystics, ed. Carol Lee Flinders, New York, HarperCollins, 1995, p. 17.

L’Esprit de Dieu
est une vie qui donne la vie,
racine de l’arbre-monde
et vent dans ses branches.
Nettoyant à fond les péchés,
Il applique de l’huile sur les plaies.

Il est vie resplendissante,
attirant toute louange,
toute-éveillante, toute-ressuscitante.