Home 2016 septembre 11 Lectures hebdomadaires – Un acte de foi

Lectures hebdomadaires – Un acte de foi

Laurence Freeman, osb, extrait du Bulletin trimestriel 2008-3

Voir la réalité telle qu’elle est, ou du moins se libérer progressivement de certains filtres, est un acte de foi primordial. Il est l’expression de l’aspect confiant de la foi, car l’attachement aux croyances et aux rites de sa tradition (plutôt que les croyances et les rites eux-mêmes) devient une fausse sécurité, qui de plus dénature la réalité. Ainsi, beaucoup de personnes profondément religieuses ont une aversion ou une antipathie pour la méditation parce qu’elle leur paraît (à juste titre) mettre en danger les frontières sûres qui protègent leur vision du monde et leur sentiment d’être différents et supérieurs aux autres.

Suivre une voie de foi ne consiste pas à adhérer obstinément à un point de vue unique ni aux systèmes de croyances et aux traditions rituelles qui l’expriment. Ce serait simplement de l’idéologie ou du sectarisme et non de la foi. La foi est un chemin de transformation qui demande que l’on entre dans nos cadres de croyance et nos observances extérieures, qu’on les traverse et qu’on les dépasse sans les trahir ou les rejeter, mais sans se laisser non plus prendre au piège de leurs formes d’expression. Pour saint Paul, la Voie du salut commence et finit dans la foi. La foi est donc un état d’ouverture, depuis le tout début du pèlerinage humain. Naturellement, nous avons besoin d’un cadre, d’un système et d’une tradition. Si nous sommes établis en eux de manière stable, le processus de changement se déploie et notre point de vue sur la vérité s’élargit constamment.

 

Après la méditation

 

 

 

Mary Oliver, « Who Said This ? » [Qui l’a dit ?], in Red Bird, Boston, Beacon, 2008, p. 58.

Quelque chose a murmuré quelque chose
qui n’était même pas un mot.
C’était plutôt comme un silence,
qui était compréhensible.
J’étais debout
au bord de l’étang.
Rien de vivant, de ce que nous appelons vivant,
n’était visible.
Et pourtant, la voix pénétra en moi,
dans mon corps-vie,
avec tant de bonheur.
Et il n’y avait rien ici
que l’eau, le ciel et l’herbe.