Home 2015 décembre 31 Lectures hebdomadaires

Lectures hebdomadaires

John Main o.s.b., extrait de Monastery Without Walls: The spiritual letters of John Main, Canterbury, Norwich, 2000, p. 127-128.

Le don de la vision est la merveille de la création. Nous sommes habilités à voir la réalité dans laquelle nous avons la vie, le mouvement et l’être. Ce n’est pas un don que nous pourrons jamais posséder parce que c’est un don que nous recevons en continu. En le retournant, en lâchant prise, nous le recevons de nouveau encore plus pleinement. C’est pourquoi, plus nous méditons, plus nous le faisons sans demandes ni attentes. La connaissance que Dieu nous a créés pour avoir part à l’être prend possession de nous sans que nous le sachions. Cependant, la lumière de la conscience dans laquelle nous nous dilatons est complète, telle que la conscience de soi bornée de l’ego ne peut jamais être.

Pour ceux qui avancent humblement sur le chemin de la prière dans la lumière, c’est le savoir essentiel dont ils ont besoin. La connaissance est expérience. C’est aussi la Parole qui, une fois prononcée, rend conscient qui l’entend. Elle nous appelle à sortir des vieux schémas arrêtés et nous pousse à respirer plus profondément dans la réalité en expansion et à placer notre centre de conscience au-delà de la préoccupation pour soi-même. C’est découvrir que notre centre est en Dieu. Comment nous en sommes arrivés à faire ce voyage est moins important que de l’entamer véritablement. Pour commencer, il est nécessaire d’effectuer à un moment ou un autre un engagement réel. Ce moment de don de soi, d’abandon de l’ego, est le trou dans le mur de l’ego qui, quoique fugitivement au début, laisse passer la lumière. La lumière entrera avec de plus en plus d’intensité jusqu’à ce qu’elle balaye tout ce qui bloque la translucidité.

Ce moment d’engagement nous est toujours accessible. Ce n’est pas un idéal absent, une possibilité théorique, mais toujours une réalité présente accessible par la foi. La question est : sommes-nous suffisamment présents à nous-mêmes pour le voir, pour entendre l’invitation et y répondre ? Tout moment est le moment parce que le temps tout entier a été chargé de sens divin. « Maintenant est le temps acceptable. » Tout le temps est le « moment du Christ ». Tel un amant, tel un jardinier, Dieu attend patiemment notre réponse, notre croissance.

Après la méditation

Andrew Harvey, A Journey in Ladakh, Houghton Mifflin, Boston, 2000, p. 92-93

Considérer que cette rivière, ces rochers, cette lumière, ces montagne qui changent dans la lumière, « vont de soi » et s’en délecter : c’est cela que j’apprends lentement ici. J’apprends à ne pas jeter des noms sur les choses. Même lorsque j’écris ou pense, simplement, rocher, rivière, lumière, montagne, je commence à voir la chose à travers le mot, à accompagner la chose, le rocher, cette lumière sur mes mains, sans peur ni besoin de parler.

Les choses existent dans l’innommable. Parfois je suis libre, ou libéré par ce paysage, pour les voir comme elles sont, sans souhaiter les nommer. Parfois, quand les rochers rougeoient dans le soleil qui décline, ou la rivière lance soudain des éclairs entre les pierres, ou deux oiseaux se cachent dans un éclat de lumière au-dessus de ma tête, je comprends que tous les noms échouent à traduire l’éclat des choses. Et cette compréhension, tant qu’elle dure, est paix.