Home 2015 décembre 06 Lectures hebdomadaires

Lectures hebdomadaires

Laurence Freeman osb, extrait du Bulletin trimestriel, 2007, n° 3

Pour John Main, une communauté était un foyer dont les membres, tournés les uns vers les autres, s’attirent mutuellement dans la lumière de l’amour. Il avait bien conscience qu’il n’était pas facile de se centrer sur l’autre. Cela demande une pratique régulière de la méditation, où l’on se tourne vers l’autre en soi-même, l’autre qui est à la fois le fondement de notre être, Dieu, notre vrai soi. Cette pratique est le travail de l’attention pure … et elle est bien davantage qu’une technique car, si on la pratique avec la fidélité requise, elle devient l’amour inconditionnel et absolu, l’abandon de soi, le don de soi à l’autre. […]

Découvrir le plan de l’amitié spirituelle éveille le sens qu’en chaque personne rencontrée, on se trouve soi-même et que les autres se trouvent eux-mêmes en nous. Au-delà de la sécurité du petit groupe de compagnons qui nous protège des étrangers, l’amitié se dilate pour voir en tout étranger un prochain et en tout prochain un frère ou une sœur. L’agapè commence alors à inonder l’esprit. L’expérience chrétienne fondamentale est la transformation de l’entière vision de la réalité par l’expérience de « l’amour de Dieu inondant les profondeurs du cœur grâce à l’Esprit Saint qu’Il nous a donné ».

Une communauté d’amour ne se dissout pas quand sa taille augmente ou diminue. Elle ne s’accroche pas aux amis qu’elle s’est faits et ne se défend pas contre les étrangers, elle ne fait pas payer de droit d’entrée et ne vérifie pas les références de ses membres. Elle ne cesse jamais d’explorer l’expérience de l’amour qui lui a donné naissance et qui inévitablement et finalement doit la conduire à un sommet d’où il est possible de voir l’étendue sans fin de l’amour.

Après la méditation

 

Franz Wright, “One Heart,” in Walking to Martha’s Vineyard (New York: Knoph, 2009), Kindle edition.

Un cœur

C’est la fin de l’après-midi et je suis tout juste rentré
de la version la plus longue d’une promenade que personne
ne connaît. Pour la première fois depuis près d’un mois,
et tout changea. On est fin mars et une fois
de plus j’ai vécu. Ce matin une jeune femme
montrait comment se shooter à la coke avec un bébé
dans les bras. La lumière changeante dans le vent, surprenante,
les nuages et l’eau étaient, à certains moments,
Toi.

Il n’y a qu’un cœur en mon corps, aie pitié
de moi.

Les feuilles mortes ont enterré tous les pieds anonymes de l’hiver
courant sur l’herbe morte qui commence à verdir,
ici et là les premières violettes inodores sont revenues,
la première étoile remarqua immédiatement tout cela
alors qu’on se tient le regard fixe dans l’eau noire.

Merci de me laisser vivre un moment comme l’un de ceux
qui sont sains d’esprit ; merci de me permettre de connaître
à quoi cela ressemble. Merci de me laisser regarder sans peur
ton ciel bleu effrayant, sans terreur ton monde
terrifiant, et ton psychotique sans amour et désespérément
perdu

avec cet amour