Home 2015 décembre 01 Lectures hebdomadaires – Se préparer à la naissance

Lectures hebdomadaires – Se préparer à la naissance

John Main osb, The Present Christ, « Preparing for Birth », New York, Crossroad, 1991, p. 39-40.

Une des peurs que je rencontre le plus fréquemment chez les gens qui commencent à pratiquer la méditation de manière quotidienne est que le cheminement vers le coeur, vers cet espace infini, les conduise à l’isolement, loin du réconfort et de la familiarité du connu vers l’inconnu. Cette peur initiale est compréhensible. Abandonner ce qui est superficiel, voilà souvent ce que signifie abandonner ce qui est familier et ceci peut créer un sentiment de vide alors que nous nous trouvons exposés à une plus grande profondeur et à une réalité plus substantielle. Il nous faut du temps pour nous ajuster à ce nouveau sentiment d’appartenance, de connexion, qui semble mettre toutes nos relations dans un nouvel ordre. Le retour chez soi peut ressembler à une perte de domicile.

Avec le temps, on se rend compte que dans cette nouvelle expérience d’innocence, de réjouissance dans le don de la vie, nous abandonnons l’immaturité et entrons dans la pleine maturité qui est celle de Jésus dans le Père, dans la plénitude de son amour

qui entre et se dilate en nos coeurs dans l’Esprit. Ce n’est pas seulement maintenant, au début du pèlerinage, que nous avons besoin de l’amour humain et de l’inspiration des autres, mais c’est maintenant, alors que nous sommes face à un horizon étrangement vaste que nous avons particulièrement besoin de cette force qu’apporte la communauté avec les autres. Le fait de nous ouvrir à eux élargit en retour notre sensibilité à leurs besoins. Et tandis que le mantra nous éloigne toujours davantage de l’égocentrisme nous nous tournons plus généreusement vers les autres et recevons en retour leur soutien. En vérité, notre amour pour autrui est la seule façon vraiment chrétienne de mesurer notre progrès sur le chemin de la prière.

… L’engagement que ce pèlerinage exige de nous paraît, au premier abord, inhabituel. Il faut de la foi et une certaine insouciance, peut-être, pour se lancer. Mais une fois en route, il est dans la nature de Dieu, la nature de l’amour, de nous entraîner, en nous apprenant par l’expérience qu’il s’agit d’un engagement dans la réalité, que notre discipline est le tremplin vers la liberté. La peur que le cheminement soit une fuite et non un « voyage vers » est démentie par l’expérience. C’est un voyage où, finalement, seule compte l’expérience. Les paroles ou les écrits des autres n’ajoutent qu’une faible lumière à la réalité totalement actuelle, totalement présente et totalement personnelle qui vit dans votre coeur et dans mon coeur.

Après la méditation

Martin Laird, Into The Silent Land: The Practice of Contemplation, Darton, Longman and Todd, Londres, 2006, p. 116.

Le silence est vivant, dynamique et libérateur. La pratique du silence entretient la vigilance, la connaissance-de-soi, le lâcher-prise et l’acceptation compatissante de tous ceux que nous serions prompts, sinon, à condamner. Petit à petit, nous prenons conscience que cette instance, quelle qu’elle soit, qui en nous voit les jeux de l’esprit que nous jouons est elle-même libre de tous ces jeux et est totalement silencieuse, pure, vaste et libre. Quand nous réalisons que nous sommes la conscience et non le drame qui se déroule dans notre conscience, notre existence devient plus libre, plus simple, plus compatissante. La peur reste effrayante mais nous n’avons pas peur de la peur. La douleur fait toujours mal, mais nous ne sommes pas blessés par la douleur.